Amazon, Google, Apple, Microsoft, Facebook, Twitter, Uber, etc. Que nous le voulions ou non, les algorithmes et les outils numériques ont envahi nos vies. Pour s’alimenter, se déplacer, s’informer, écouter de la musique, rencontrer des personnes, nombreuses sont les tâches élémentaires de notre vie quotidienne que des millions d’êtres humains délèguent à des acteurs du numérique. Pourtant, le capitalisme mondialisé, à la fois financiarisé et numérisé, ne s’encombre d’aucune limite démocratique ou fixée par les États. Seuls les consommateurs ont quelques marges de manœuvre, concédées pour donner l’impression d’une certaine liberté. Et la liberté est d’abord question de souveraineté. Être souverain, c’est la condition première pour exprimer ses choix démocratiques et ne pas se voir imposer des cadres fixés par d’autres.
Pour toutes ces raisons, maîtriser la chaîne de production de la filière numérique, ou au moins une part, est plus que jamais nécessaire.
Pourtant, les gouvernants semblent aveugles ou impuissants depuis les années 2000. En 2000, la France avait avec Alcatel, certes déclinant, un numéro un mondial des télécoms. Aujourd’hui, Nokia licencie les derniers ingénieurs télécom de l’ex-conglomérat pendant que le gouvernement se félicite de leur reprise partielle par Qualcomm, géant américain.
De ces conglomérats, de notre système de recherche publique, de notre système de formation, on aurait pu faire des atouts majeurs. Il ne restera bientôt plus rien, laissant donc nos vies personnelles, notre économie et notre vie politique à la merci des écosystèmes asiatique et américain.
Cette note adopte une vision systémique de la perte de souveraineté sur le secteur numérique pris dans son ensemble. Elle propose des solutions précises et intégrées afin de penser une filière de bout en bout. Reconstruire implique de proposer des solutions concrètes et planifiées pour les quatre piliers du secteur numérique : matières premières, composants, réseaux et logiciels.